J’ai eu la chance de pouvoir assister à une conférence de Michel Remaud, samedi 8 février, au centre spirituel de Chavagnes-en-Paillers sur le thème de la tradition juive dans les épîtres pauliniennes. A cette occasion, le père Remaud nous a fait un exposé sur Paul et Jonas, suivant un article déjà publié en 2013[1], mais que je n’ai pas pu consulter. Je voudrais donc proposer ici une synthèse des notes que j’ai pu prendre durant la conférence, sur ce thème particulièrement intéressant ; le plus galère étant juste de retrouver les textes cités, sans l’article source.
Jonas refuse sa mission
On trouve dans la tradition juive de riches développements autour de Jonas. Ainsi en est-il du midrash sur l’hymne de Jonas dans le ventre du poisson, que l’on trouve dans les Pirqé de Rabbi Eliezer §10[2], où la glose nous fait suivre Jonas dans une exploration du monde par le fond des mers : Jonas ira ainsi, depuis le ventre du poisson, parler au Leviathan et le faire fuir, passer dans la mer des Joncs, voir les colonnes de la terre, visiter le Shéol, passer sous Jérusalem et enfin sous le Temple. Une autre tradition rapportée par le Talmud de Jérusalem, présente Jonas comme le fils de la veuve de Sarepta, revivifié par Elie (TJ Suka 5,1)[3] :
R. Lévi monta à la tribune et démontra que Jonas, fils d’Amitaï, devait faire partie de la tribu d’Asher, car il est dit (Jg 1, 34) : Asher n’a pas dépossédé (chassé) les habitants d’Acco, ni ceux de Sidon ; et il est dit (1R 17, 9) : Va à Sarepta qui est près de Sidon (cette dernière ville fait donc partie du territoire d’Asher, et il est une tradition que l’enfant ressuscité là par Elie était Jonas).
Enfin, c’est dans un recueil de midrashim considéré parfois comme le plus ancien, la Mekilta de Rabbi Ishmael, que l’on trouve l’élément qui va le plus nous intéresser ici, tu vas voir. Il est question, dans ce midrash sur l’Exode, au tout début du recueil, de commenter l’expression dans le pays d’Egypte tirée du verset suivant : « Le Seigneur parla à Moïse et Aaron dans le pays d’Egypte » (Ex 12,1). Le commentaire de cette seule expression donne lieu à de passionnants développements, où il est en particulier question de savoir si le Seigneur pouvait se manifester en terre païenne.
Il s’agit en particulier d’expliquer que le Seigneur ait parlé à des prophètes hors de Palestine. Je ne résiste pas à évoquer l’une des réponses qui sont faites à cette problématique, à savoir que le Seigneur n’a parlé aux prophètes hors de la Terre Promise qu’en raison du « mérite des pères ». Or, tu vas voir que c’est important pour ce qui va être de Paul ensuite, mais déjà là, le « mérite des pères » (au sens des patriarches) est illustré, dans ce midrash[4] par une citation du livre de Jérémie que le chrétien reconnaîtra sans doute :
Ainsi parle le Seigneur À Rama, une voix se fait entendre, une plainte amère ; c’est Rachel qui pleure ses fils. Elle ne veut pas être consolée pour ses fils, car ils ne sont plus. Ainsi parle le Seigneur : Cesse ta plainte, sèche tes yeux ! Car il est une compensation pour ta peine – oracle du Seigneur – ils vont revenir du pays ennemi. (Jr 31,15-16)
Et oui, le midrash explique que si Dieu se manifeste en Egypte, c’est à cause du mérite de Rachel, qui pleure ses enfants. Je te laisse maintenant relire tranquillement le chapitre 2 de l’évangile de Matthieu et ajouter une petite note dans la marge de ta Bible à côté du verset 18, avant de revenir sur Jonas.
Un peu plus loin donc, le même midrash va prendre l’exemple de Jonas et sa mission à Ninive, terre païenne par excellence. L’argumentaire est introduit par une parole attribuée à Jonas, glosant sur la fuite du prophète (Jon 1,3) : Je vais aller hors du Pays, où la présence divine ne se révèle pas, car depuis que les païens sont plus enclins à se repentir, je pourrais provoquer la condamnation d’Israël. Ensuite, partant de ce constat, le midrash va prendre la défense de Jonas. Il évoque d’abord trois types de prophètes : ceux qui honorent le Père et le Fils, ceux qui honorent le Père sans honorer le Fils, et ceux qui honorent le Fils sans honorer le Père (le Père étant le Seigneur, et le Fils étant Israël). Le premier est incarné par Jérémie, le second par Elie, et le troisième par Jonas, car il s’est enfuit loin du Seigneur (Jon 1,3). Jonas, refusant sa mission pour éviter la condamnation d’Israël, a fuit le Père pour honorer le Fils.
Un peu plus loin, Jonas est encore comparé à Moïse et à David, comme l’un de ceux qui ont accepté de donner leur vie pour Israël : Moïse, en intercédant pour son peuple à cause du veau d’or (Ex 32,32), David en prenant sur lui la responsabilité du péché qui a entraîné la peste sur son peuple (2S 24,17) et Jonas bien évidemment en refusant l’appel de Dieu à prêcher pour la conversion des Ninivites, afin d’éviter la condamnation d’Israël.
L’idée exprimée dans ce midrash à propos de Jonas, c’est que les Ninivites en se convertissant (rapidement) à l’appel de Dieu, pourraient devenir la cause de la condamnation d’Israël, qui a longuement reçu la Révélation de Dieu mais ne s’est pas converti. Jonas, conscient des fautes d’Israël, mais l’aimant trop pour accepter sa condamnation, aurait donc préféré offrir sa vie plutôt que de convertir ceux qui jugeront son peuple. L’histoire raconte qu’après s’être sacrifié, les marins se sont convertis. Et Jonas, en sortant du poisson, voyant leur conversion, pris confiance et alla prêcher à Ninive.
Paul, apôtre des nations
Cette idée de la condamnation d’Israël par les païens se retrouve explicitement dans le Nouveau Testament : Les hommes de Ninive se dresseront lors du Jugement avec cette génération et ils la condamneront, car ils se repentirent à la proclamation de Jonas, et il y a ici plus que Jonas ! (Mt 12,41 ; Lc 11,32). La grande différence, toutefois, est que Jésus annonce ce qui va se passer, tandis que Jonas refuse la mission et ses conséquences (dans un premier temps du moins). Qu’en est-il donc de Paul, dont on a fait l’apôtre des nations ?
Je voudrais faire ici une légère digression, sur l’étendue de la mission de Paul[5]. Quand on entend Paul dire qu’à Pierre, Jacques et Jean fut confiée la mission d’évangéliser les circoncis, et à Paul les incirconcis (Ga 2,7-9), on est normalement pris d’un léger malaise ; les circoncis représentant alors, au grand maximum, 10% de la population du bassin méditerranéen. Aux colonnes irait donc un petit 10% du troupeau, et à Paul le reste du monde ? Pour mieux comprendre, il faut regarder la carte des communautés juives de la diaspora. En dehors de Judée et de Galilée, d’importantes communautés juives sont installées en Mésopotamie, chez les Parthes, les Mèdes, en Cappadoce, en Egypte jusqu’à Cyrène, etc… en bref à peu près dans toutes les régions que cite Luc dans son récit de la Pentecôte (Ac 2,7), et bien sûr à Rome. Même si ces communautés représentent en chaque lieu une part infime de la population dans laquelle elles sont (plus ou moins) intégrées, on peut considérer que la Torah est présente dans ces territoires, qu’ils sont « judaïsés » d’une certaine manière. De là, si on regarde de plus près, alors on voit tout un territoire sur lequel n’est présent aucune communauté juive au Ier siècle : c’est la région Macédonienne qui sera le lieu principal de la mission de Paul. Il n’échoit donc pas aux colonnes de l’Eglise quelques portions de territoires et de populations minuscules, et le reste du monde à Paul, mais plutôt l’inverse : à Paul on confie un secteur délimité, qui se caractérise simplement par l’absence totale de juifs, terre païenne par excellence, d’où la Torah est totalement absente.
Ayant compris plus précisément la spécificité ethno-territoriale de la mission « au païens », revenons à la manière dont Paul s’en explique. Pour bien faire, il faudrait relire maintenant le long midrash qu’il compose dans sa lettre aux Romains, et qui occupe les chapitres 8 à 11. Paul y explique, en mettant en oeuvre toute la technique traditionnelle du midrash, en citant abondamment l’Ecriture, par des paraboles, en prenant à témoin Moïse, Elie, David, toute une justification de la prédication aux nations et des conséquences pour Israël.
Comme dans la Mekilta de Rabbi Ishmael, Paul exprime cette idée que les païens sont plus prompts à se convertir qu’Israël : Que conclure ? Que des païens qui ne poursuivaient pas de justice ont atteint une justice, la justice de la foi, tandis qu’Israël qui poursuivait une loi de justice, n’a pas atteint la Loi (Rm 9,30-31), citant Isaïe et Osée à son appui. Et comme Jonas, Paul épris d’amour pour ceux de sa race, souhaite plus que tout le salut d’Israël : Frères, l’élan de mon coeur et ma prière à Dieu pour eux, c’est qu’ils soient sauvés. Car je leur rends témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu : mais c’est un zèle mal éclairé (Rm 10,1-2). Comme Jonas, il donnerait même sa vie pour ça : Je dis la vérité dans le Christ, je ne mens point – ma conscience m’en rend témoignage dans l’Esprit Saint – j’éprouve une grande tristesse et une douleur incessante en mon coeur. Car je souhaiterais d’être moi-même anathème, séparé du Christ, pour mes frères, ceux de ma race selon la chair (Rm 9,1-3).
La différence majeure avec Jonas, en définitif, c’est que Paul accepte tout de même la mission. Mais il le fait avec l’espérance, et même dans le but du salut d’Israël. Et c’est l’enracinement de cette mission dans l’amour d’Israël qui est finalement le point commun le plus essentiel de la mission de Jonas et de celle de Paul. Là où Jonas a refusé la mission aux païens parce qu’il refusait la condamnation d’Israël, Paul part en mission auprès des païens pour le salut d’Israël : Or je vous le dis à vous, les païens, je suis bien l’apôtre des païens et j’honore mon ministère, mais c’est avec l’espoir d’exciter la jalousie de ceux de mon sang et d’en sauver quelques-uns. Car si leur mise à l’écart fut une réconciliation pour le monde, que sera leur admission, sinon une résurrection d’entre les morts ? (Rm 11,13-15). Enfin, il explicite clairement l’argument du midrash, selon lequel Dieu se manifeste en terre païenne à cause du mérite des pères. S’adressant toujours aux païens à propos des fils d’Israël, il ajoute : selon l’évangile, ils sont ennemis, et c’est à cause de vous/en votre faveur ; mais selon l’élection, ils sont chéris, et c’est à cause des pères (Rm 11,28).
Du parallèle entre Paul et Jonas
Michel Remaud n’est pas le seul à avoir fait le rapprochement entre ce discours de Paul (Rm 8-11) et la mission de Jonas. Aussi il nous a avoué sa surprise en découvrant la même chose dans le commentaire de saint Jérôme sur Jonas. Commentant la fuite du prophète, il commence ainsi[6] :
Le prophète sait, par une inspiration du Saint-Esprit, que la pénitence des gentils est la ruine des juifs. Dans ces conditions, ce n’est pas que le salut de Ninive le contrarie, mais, avant tout, il tient à ce que son peuple ne périsse point.
On note ici que Jérôme connait bien la tradition juive sur le sujet, et l’utilise (malheureusement, il ne dit pas d’où il tire cette interprétation). Il poursuit également en invoquant le don que Moïse fait de lui-même pour intercéder en faveur d’Israël, dans l’épisode du veau d’or (Ex 32,32) et, c’est là que c’est intéressant, le met précisément en parallèle avec la tristesse de Paul dans sa lettre aux romains :
Aussi bien il [Jonas] avait lu la supplication de Moïse pour ce peuple : « Si vous pouvez leur remettre ce péché, remettez-le ; si vous ne pouvez pas, alors effacez-moi de votre livre que vous avez écrit » (Ex 32,32) ; à cette prière, Israël avait été préservé, Moïse n’avait pas été effacé du livre : bien mieux, le Seigneur avait profité de son serviteur pour épargner les autres coserviteurs. En effet, quand Dieu dit : « Laissez-moi ! », il montre qu’on peut le retenir. C’est un peu ce que dit l’apôtre : « Je souhaiterais être anathème pour mes frères qui sont israélites selon la chair » (Rm 9,3).
Et Jérôme poursuit ainsi, évoquant plus loin les conséquences de la prédication aux païens par Jonas dans des termes empruntés au midrash évoqué plus haut, comme à la lettre de Paul aux romains (la greffe de l’olivier sauvage sur l’olivier franc, le mérite des pères, etc). Jérôme terminera le commentaire de ce passage, dans sa tropologie, en concluant que notre Seigneur Jésus Christ « notre Jonas » (ce sont les mots de Jérôme) voulait guérir d’abord son peuple, et parmi les tourmentes et les tempêtes (sa passion et les opprobres de la croix) plongé en enfer, il sauve ceux qu’il négligeait en paraissant dormir sur le navire. Jérôme évoque alors « le signe de Jonas » dont il question dans l’évangile, les 3 jours et 3 nuits passés dans le ventre du poisson, pour en rappeler le parallèle avec le Christ. Il reprendra enfin toutes ces thématiques, en citant toujours la lettre aux romains, dans son commentaire du début du chapitre 4.
Michel Remaud note que dans le commentaire de Jérôme, il devient presque impossible de distinguer Jésus, de Paul et de Jonas. Pour faire simple, Jésus est comparé à Jonas qui adopte les pensées de Paul. Il assimile par exemple, pèle-mêle, le sacrifice de Jonas, la passion du Christ et la tristesse de Paul. Il compare encore Jésus et Jonas, pour dire les sentiments du Seigneur à l’égard de son peuple, et met dans sa bouche les mots de Rm 11,25. En outre, on trouve, dans le commentaire de Jérôme cette exclamation « Grande est la foi des marins ! », expression qui se trouve précisément dans le midrash. Et de fait, Yves-Marie Duval, auteur de l’édition de 1985 du commentaire de Jérôme sur Jonas (traduction, notes et introduction – édition que je n’ai malheureusement pas), nous apprend apparemment qu’une telle exclamation est très rare chez Jérôme (d’après Michel Remaud, je ne suis pas allé vérifier).
Conclusion
Les questions que pose ce long parallèle, et le passage par la tradition midrashique, sont de deux ordres. La première concerne Paul, et le fait de savoir s’il s’est délibérément reconnu une mission à la manière de celle de Jonas – pour le dire autrement, s’il s’est reconnu d’une manière ou d’une autre, comme un nouveau Jonas. C’est pour le moins possible. D’abord, nous l’avons vu, en vertu de la spécificité de sa mission. A quoi il n’est pas interdit d’ajouter que Paul, sensible à tous les signes d’une vocation, a perçu son origine (de Tarse, où Jonas fuit loin du Seigneur), et dans le persécuteur du Christ qu’il était, honorant ainsi Israël mais pas le Seigneur, une nouvelle réalisation du prophète envoyé à Ninive.
La seconde question nous concerne nous, chrétiens. Elle est simple : dans la mission d’évangélisation que nous, la Grande Eglise des nations, nous donnons envers les païens, quelle place tient l’amour d’Israël ? Nous qui n’avons eu de cesse, pendant des siècles, d’opposer, de substituer, sommes-nous capable de recentrer la missio ad gentes sur le salut d’Israël, au contraire d’y voir sa condamnation ? Comment, en définitif, comprenons-nous aujourd’hui cette prière du Nunc Dimittis que nous faisons notre chaque soir, et en particulier sa finale : « J’ai vu le salut que tu préparais à la face des peuples, lumière qui se révèle aux nations et gloire pour ton peuple Israël » ?
- [1] Dans la Revue Théologique de Louvain, n°1 2013, pp. 82-95.
- [2] Voir traduction française de ce passage dans Le Midrash, textes choisis, traduits et présentés par Eliane Ketterer et Michel Remaud, Supplément au Cahier Evangile n°82, éd. Cerf, 1993, pp. 72-74
- [3] Traduction Maurice Mergui.
- [4] Je n’ai en mains que la très vieille version empruntée à la bibliothèque de la fac de théologie : Mekhilta De-Rabbi Ishmael, translated by Jacob Z. Lauterbach, éd. Jewish Publication Society of America, 1933, Philadelphia, pp. 5-6. « True, He did speak outside of the Land, but He did so only because of the merite of the fathers. For thus it is said… » et suit la citation de Jr 33,15-16. On trouve sur internet la réédition de 2004 (avec une nouveauté de taille : une table des matières !!!), où on peut lire ce passage ici, avec la note explicative (note n°5).
- [5] Eclairage que je dois au père François Bessonnet, dans son cours d’Introduction à saint Paul à la Faculté de Théologie de l’Université Catholique de l’Ouest, 2013-2014, s’appuyant sur Lucien Legrand, L’apôtre des nations ? Paul et la stratégie missionnaire des Eglises apostoliques, éd. Cerf, coll. Lectio Divina, n°184, 2001.
- [6] Saint Jérôme sur Jonas, Sources Chrétiennes, n° 43, éd. Cerf, 1956, pp. 58-64.
« à Paul on confie un secteur délimité, qui se caractérise simplement par l’absence totale de juifs » : je suis surpris. Il me semble quand même que le schéma général d’évangélisation suivi par Paul, chaque fois qu’il arrive dans une nouvelle ville est :
1 – s’adresser à la communauté juive
2 – suite au refus de cette communauté de l’entendre, s’adresser aux goïm
Sinon, bien d’accord : Paul était désespéré de ce que les nations accueillent mieux son évangile que ses frères. Ce fut sa croix.
Vous avez raison, j’ai forcé le trait : de fait, les Actes parlent bien d’une synagogue à Corinthe, à Thessalonique, etc. où Paul se rend. Mais, justement d’après les Actes, les peuples qui sont évoqués par Luc dans le récit de la Pentecôte, donc se rendant à Jérusalem pour la fête, font silence sur ces régions macédoniennes où on retrouvera Paul en mission. Ce qui signifie au minimum que les communautés de ces régions ne prennent pas la peine de se déplacer à Jérusalem pour les fêtes de pèlerinage. Il y a donc peut-être une distinction d’avec les autres grandes communautés en terme de rapport à la Loi ; des communautés trop hellénisées pouvant, peut-être, ne plus être considérées comme une présence de la diaspora sur ces territoires. En fait, pour vous dire plus précisément, il faudrait que je lise le livre de Lucien Legrand que j’évoque en note à l’appui de cette réflexion, ou que je demande à mon cher professeur de répondre plus en détail sur ce point (mes notes de cours ne sont pas assez précises là-dessus, manifestement, ce qui m’a conduit à trop forcer le trait).
@ Pneumatis:
On doit bien sûr distinguer entre Paul selon les Actes et Paul selon ses lettres. La constance de ce schéma dans les Actes (d’abord la synagogue, puis les païens) est tellement répétitive qu’on ne peut que soupçonner Luc de les avoir ainsi orchestrées pour justifier les orientations prises par les communautés issues de Paul après Paul, à savoir l’abandon progressif du souci du salut et de la gloire d’Israël, dont vous parlez dans votre conclusion.
Quant au soit-disant accord de partage des régions à évangéliser, je serais tout autant réservé. Quand on constate que dès que Paul quittait une ville, considérant que la fondation était suffisamment solide, arrivaient des inquisiteurs envoyés par la « communauté-mère » qui n’avaient rien de plus urgent que de détricoter l’œuvre de Paul…
Je crois que Paul était trop ‘en avance’ : ouvert aux nations, tout en restant solidement attaché à ses racines, et que l’Église de Jérusalem, avec ses ‘colonnes’, n’était pas capable de le suivre sur ce terrain, et n’a jamais accepté sa vision, craignant, à raison, ce qui s’est effectivement passé au bout du compte.